A nouveau, ce blog va porter à votre connaissance un texte qui circule sur internet. La thématique est «la justice».
Son titre saisissant (Tribunal de Cahors. Recherché, il échappe aux gendarmes de Prayssac à trois reprises) en dit long.
L’éditorialiste (présenté sous le nom d’anonymat
) est connu et fiable pour plusieurs autres encarts qu’il a publiés sur internet.
Publié le 21 Jan 23 à 7:32
Avec ses 17 mentions au casier judiciaire, Kévin est particulièrement bien connu des gendarmes de Prayssac, commune où il habite avec sa famille. Au cours de l’année 2021, il est recherché par la justice dans le cadre d’une affaire de stupéfiants et d’une obligation non respectée liée à son inscription au FIJAIS (Fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes) suite à une condamnation pour viol.
Pendant plusieurs mois, Kévin a réussi à échapper aux gendarmes. Dans son acharnement à vouloir fuir à tout prix, il a mis la vie de militaires en danger.
D’où sa convocation devant le tribunal correctionnel de Cahors le jeudi 19 janvier 2023 pour trois séries de faits (juillet 2021, février 2022 et mars 2022), notamment pour « refus d’obtempérer à une sommation de s’arrêter », le tout en récidive légale. À la demande du substitut du procureur, les trois affaires sont jointes.
Il arrive à passer entre les mailles du filet
Pour les faits du 16 juillet 2021 à Vire-sur-Lot, Dylan, le jeune frère de Kévin, est aussi présent à la barre. Les deux expliquent qu’ils n’étaient pas sur les lieux. « Je connais les personnes qui l’on fait. Je peux les amener, mais c’est à eux (les gendarmes ndlr) de faire leur travail » explique Kévin au tribunal. « C’est comme pour les cambriolages, ils nous reconnaissent tout le temps. »
Pour ces faits, la parole des deux frères s’oppose à celle des deux gendarmes présents sur les lieux, qui les ont pris en chasse alors qu’ils circulaient en scooter. Les gendarmes les ont formellement reconnus avec leurs casques de motocross (qui permettent de voir le visage). Kévin et Dylan sont aussi accusés d’outrage, pour avoir insulté et fait des gestes obscènes aux gendarmes. Les deux frères restent stoïques ; ils n‘étaient pas sur leurs scooters ce jour-là.
Il force le barrage mis en place par les gendarmes
Par contre, Kévin reconnaît les deux autres séries de faits du 16 février 2022 et du 31 mars 2022 à Prayssac (son frère n’est pas concerné).
Le 16 février 2022 dès 6 h du matin, les gendarmes mettent une place une opération à Prayssac pour tenter d’arrêter Kévin. Vers 10 h 30, ils le repèrent au volant d’une Ford Fiesta – alors qu’il n’a pas le permis de conduire, mais il n’est pas poursuivi pour cela – roulant sur un chemin. Les gendarmes mettent en place un barrage à la sortie du chemin pour l’obliger à s’arrêter et placent un véhicule sur la chaussée. Mais Kévin force le barrage, les trois gendarmes n’ont d’autre choix que de s’écarter pour éviter la voiture. Il percute le véhicule des gendarmes et continue sa route. Le véhicule, enregistré au nom du père de Kévin, est retrouvé en fin d’après-midi du côté du Boulvé. Kévin y avait planqué une moto au cas où… « J’ai réussi à passer. Je roulais vite. J’ai fait attention à n’écraser personne. Une fois au Boulvé, j’ai laissé la voiture dans un champ » explique Kévin qui précise qu’il avait pris « l’habitude de rester dans les bois » par peur de l’arrivée des gendarmes. Kévin met en avant sa famille et le fait de continuer à voir ses deux enfants pour tenter de justifier son comportement. « J’étais recherché. Je n’ai jamais quitté le secteur de Puy-l’Évêque pour mes enfants. »
Dans la nuit du 30 au 31 mars 2022, une nouvelle opération est montée à Prayssac, du côté des logements HLM où vivent les parents de Kévin. Cette fois, une vingtaine de gendarmes est mobilisée très tôt le matin. Informé par les gens du quartier, Kévin arrive à se faufiler jusqu’à sa voiture. Il est 4 h du matin. Trois gendarmes essaient de le stopper alors qu’il est au volant. Kévin enclenche la marche arrière, et démarre en trombe. Une fois encore, les trois gendarmes sont obligés de s’écarter pour ne pas se faire écraser. Une herse crève-pneus est lancée sur la route. Kévin roule encore quelques centaines de mètres sur les jantes. Deux voitures de gendarmerie le prennent en chasse. Il emboutit la voiture qui s’est positionnée devant lui pour le faire ralentir. Puis stoppe son véhicule. Encore une fois, il réussit à s’échapper à pied à travers les champs et à semer les gendarmes.
La cavale de Kévin s’arrêtera le 2 juin 2022. Ce jour-là, il circule en scooter avec sa canne à pêche. Surpris par les militaires, il tente de s’échapper en se jetant dans l’eau alors qu’il ne sait pas nager. Il est sauvé de la noyade par un gendarme.
8 gendarmes parties civiles
8 gendarmes se portent partie civile dans cette affaire. Cinq d’entre eux, présents au tribunal de Cahors, prennent la parole pour rappeler à Kévin qu’ils ont eux aussi des familles et des enfants et que son comportement les a mis en danger. « Je suis heureux d’être avec vous, en vie. En 25 ans de service, je n’ai jamais vu une personne prendre autant de risque. On aurait pu être tous les trois au cimetière » explique l’un d’eux concerné par les faits du 31 mars. « Vu son allure, j’ai su qu’il ne s’arrêterait pas. On s’est poussé » explique un autre engagé sur le barrage du 16 février. « C’est devenu un jeu pour lui, il joue aux gendarmes et au voleur. »
Chacun d’entre eux demande des sommes allant de 800 à 2 500 € de dommages et intérêts.
Des casiers bien chargés
À 28 ans, Kévin a un casier judiciaire bien chargé avec 17 mentions (pour viol, vols, violences, stupéfiants…). Il est actuellement incarcéré jusqu’en août 2024 pour une autre affaire.
Le petit frère Dylan prend la même voie que son frère avec déjà 7 condamnations (outrage, stupéfiants…) à seulement 20 ans. Lorsque la présidente du tribunal lui demande ce qu’il fait de ses journées, « on s’occupe comme on peut, les jeux vidéo et c’est tout » répond Dylan. « Vous êtes jeune. Vous n’avez pas envie d’avoir une autre vie ? » insiste la présidente. « Non. »
De la prison ferme pour les deux frères
Avant de revenir sur les faits, la substitut du procureur rend un hommage au travail des gendarmes et des policiers. « Je les remercie pour leur investissement quotidien. » Quant à Kévin, elle estime que « chacun fait ses choix ». « Il a fait le choix de commettre des infractions. Il tente de fuir depuis plus d’un an. S’il s’était laissé interpeller dès les 1ers faits, il ne serait pas là aujourd’hui. Il a fait ce choix pendant des mois. » Pour elle, la présence des deux frères le 16 juillet 2021 à Vire-sur-Lot ne fait aucun doute. « À trois reprises, les gendarmes les ont en face. Ils les connaissent parfaitement. Un casque de motocross est ouvert, on voit le visage. Ils auraient dû mettre des lunettes. »
Contre Dylan, elle demande deux peines de 4 mois chacune (une pour les outrages en réunion, l’autre pour le refus d’obtempérer). Quant à Kévin, « Il fait le choix de ne pas respecter l’autorité, voire de la provoquer. Il a joué et entamé un bras-de-fer avec un degré de dangerosité qui a augmenté à chaque fois qu’on a essayé de l’interpeller. À chaque fois, il était plus dangereux. La peine doit être dissuasive et protectrice de la société. Il est un danger, il faut le neutraliser. » La substitut demande 4 ans de prison pour l’ensemble des faits et 6 mois pour le refus d’obtempérer du 16 juillet 2021, le tout avec mandat de dépôt.
Me Aurélie Smagghe, avocate de Dylan, a tenté de démontrer que la présence de son client dans les vignes de Vire-sur-Lot le 16 juillet 2021 ne s’appuie sur « aucun élément objectif », seulement sur le fait que les gendarmes l’ont reconnu. Tout en reconnaissant que son client « n’est pas un ange », « Ce n’est pas parce que cette famille est parfaitement connue des gendarmes de Puy-l’Évêque que vous devez écarter le fait qu’il n’ait pas été présent ce jour-là ». Reprenant les différents éléments du dossier pour les contester, l’avocate demande la relaxe de son client.
Le tribunal de Cahors a condamné Kévin à 4 ans de prison ferme avec mandat de dépôt, peine accompagnée d’une interdiction de conduire un véhicule et de port d’arme pendant 5 ans. Dylan a lui aussi été reconnu coupable, il est condamné à deux peines de 3 mois de prison ferme. Les parties civiles sont acceptées dans leurs demandes.
Les prévenus disposent d’un délai de 10 jours pour faire appel du jugement.
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